Le jeu de la mort.doc
Quand la barbarie devient un divertissement
▬▬▬
Par Jacqueline Nguyen
F rance 2 a diffusé le 17 mars à 20h45 un documentaire choc de téléréalité, « Le Jeu de la Mort », où 81% des candidats croyant participer à une émission télévisée ont volontairement actionné des manettes envoyant des décharges électriques à leur adversaire à chaque mauvaise réponse. Simples curieux qui voulaient seulement participer à un jeu télévisé, les voilà alors transformés en tortionnaires en puissance. Bien entendu, l’émission est une mise en scène, inspirée de l’expérience de Milgram effectuée au début des années 1960 aux Etats-Unis, cherchant à évaluer le degré de soumission d’un individu lambda à une autorité (ici la télévision) qu’il juge légitime. Dans un contexte où la téléréalité envahit nos écrans et repousse les limites du décent chaque jour un peu plus, le documentaire tente de dénoncer les récentes dérives de la télévision devenue autorité de soumission des masses.
Ainsi, quelques jours avant la diffusion du documentaire sur France 2, le journal Le Monde diplomatique publie un article[1] traitant des méfaits de la surenchère de l’Eros et du Thanatos sur le petit écran devenu puissance aliénante à grande échelle. La télévision mondialisée, engagée dans une course à l’audimat et au sensationnel, serait alors un instrument redoutable de coercition et de fédération des masses. Quant au journal Libération[2], qui a suivi le tournage du documentaire un an avant sa diffusion, il tente de comprendre les mécanismes de la soumission volontaire et de la désobéissance civile. Cette promotion par la téléréalité de la banalité du Mal est aussi analysée et dénoncée par le journal Le Monde[3] qui félicite la démarche engagée et audacieuse de Christophe Nick - le créateur et réalisateur du documentaire.
Cependant, les réactions à l’étranger se font plus nuancées. Un article sur le site anglais de la BBC[4] reproche les méthodes utilisées par la production