Le libraire
Dans «Aux champs», un très large fossé sépare les aristocrates des paysans./ Les d’Hubières, qui se promènent en voiture légère par un bel après-midi du mois d’août, flottent dans l’argent. Aux enfants des paysans, ils offrent gâteaux, bonbons et autres gâteries. Aux parents, ils proposent une somme faramineuse, soit 20 000 francs, en plus d’une rente mensuelle de 120 francs. /À l’opposé, les Tuvache et les Vallin /habitent d’humbles «chaumières» (l. x), travaillent une «terre inféconde» (l. x) et s’alimentent «péniblement de soupe, de pommes de terre et de grand air» (l. x). Bien entendu, le nombre élevé d’enfants n’est pas perçu comme une richesse, comme en témoigne le champ lexical utilisé pour les désigner : « petits, marmaille, produits, noms, mioches, moutards, lignées ». (l. x) /En somme, déjà ce monde est cruel : seul le privilège de la naissance explique qu’on vivra richement ou non. La négociation que les aristocrates imposent aux paysans fait aussi ressortir la cruauté. /Les d’Hubières, malgré leur fortune, ne sont pas heureux : ils n’ont pas d’enfants. Jamais ne leur vient l’idée d’en adopter un. Non, ils offrent aux Tuvache et aux Vallin de le leur acheter. /Déjà la proposition paraît indécente; pourtant, ils ne semblent en éprouver aucune honte. À prime abord, l’amour de Madame d’Hubières pour les enfants peut sembler sincère. Mais, lorsque vient le temps de choisir, peu lui importe qu’il soit