Le libraire
« Au sens large, le picaresque désigne les œuvres où domine le thème du marginal rusé qui, face à une société hostile, a recours à différents masques pour s’adapter aux situations auxquelles sa vie itinérante le confronte. » (Le Dictionnaire du littéraire, p. 457). Hervé Jodoin incarne de la sorte le « picaro » ou l’antihéros par excellence. En considérant cette assertion et l’ensemble du roman, peut-on dire que Jodoin n’est qu’un être désabusé de l’existence ?
Quelque chose de particulier se trame au Québec entre 1950 et 1960, il y a gestation. Une énergie bouillonne déjà dans l’esprit de certains groupes d’individus. Ont est à l’aube de la révolution tranquille. C’est le très polyvalent écrivain, Gérard Bessette, née en 1920, qui à le mieux décrit la complexité des relations sociales, politique et économique de l’époque, avec son œuvre, Le Libraire, publié en 1960.
Simple à première vue, mais rapidement devenue le symbole de la révolution tranquille, cette œuvre s’oppose aux idées de l’élite canadienne-française de l’époque et ouvre la voie à une prise de conscience moderne. Le personnage principal, Hervé Jodoin, peut être qualifié d’antihéros, car il ne possède aucune qualité traditionnelle. Personnage qui adopte un comportement â la fois indifférent avec le monde qui l’entoure, il n’a pas peur des scandales et c’est un personnage désabusé de l’existence.
En premier lieu, Hervé Jodoin peut être qualifié d’antihéros, car il ne possède aucune qualité traditionnelle : la paresse, la méchanceté, l’agressivité, la fermeture, le manque d’imagination, la ruse, le cynisme, l’indifférence et la volonté d’inaction. Tel que le prouve de nombreux ‘’peu importe’’ (p.13, 35, 41, 91,142) ou ‘’ça n’avait pas d’importance’’ (p.7, 8,136) qui parsèment le texte, il est réservé et n’aime pas communiquer. C’est un solitaire, un désabusé et un paresseux qui pratique souvent l’ironie