Le limon fertile

487 mots 2 pages
L'Homme
Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon,
Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
J'aime de tes concerts la sauvage harmonie,
Comme j'aime le bruit de la foudre et des vents
Se mêlant dans l'orage à la voix des torrents !
La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine :
L'aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine;
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés;
Des rivages couverts des débris du naufrage,
Ou des champs tout noircis des restes du carnage.
Et, tandis que l'oiseau qui chante ses douleurs
Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs,
Lui, des sommets d'Athos franchit l'horrible cime,
Suspend aux flancs des monts son aire sur l'abîme,
Et là, seul, entouré de membres palpitants,
De rochers d'un sang noir sans cesse dégouttants,
Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie,
Bercé par la tempête, il s'endort dans sa joie.

Et toi, Byron, semblable à ce brigand des airs,
Les cris du désespoir sont tes plus doux concerts.
Le mal est ton spectacle, et l'homme est ta victime.
Ton oeil, comme Satan, a mesuré l'abîme,
Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu,
A dit à l'espérance un éternel adieu !
Comme lui, maintenant, régnant dans les ténèbres,
Ton génie invincible éclate en chants funèbres;
Il triomphe, et ta voix, sur un mode infernal,
Chante l'hymne de gloire au sombre dieu du mal.
Mais que sert de lutter contre sa destinée ?
Elle n'a comme l’œil qu'un étroit horizon.
Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison :
Hors de là tout nous fuit, tout s'éteint, tout s'efface;
Alphonse de Lamartine publie ce poème en 1820 dans son recueil des Méditations Poétiques. Il traite directement d'un personnage qui a eu une grande résonance par ses oeuvres en France à cette époque : Lord Byron. L'Homme est le deuxième poème du recueil de Lamartine. Il a été écrit au cours de l'année 1818. Lamartine prétend avoir

en relation

  • "hymne a la beauté " baudelaire
    262 mots | 2 pages
  • Les dieux du stade
    704 mots | 3 pages
  • Francais anthologie
    3286 mots | 14 pages
  • La curée
    402 mots | 2 pages
  • Dissertation sur « L’automne » d’Alphonse de Lamartine
    780 mots | 4 pages
  • Les embarras de paris
    1124 mots | 5 pages
  • Anthologie baudelaire
    938 mots | 4 pages
  • Le gout du néant et la cloche fêlée de baudelaire
    265 mots | 2 pages
  • Question de corpus
    1143 mots | 5 pages
  • Phedre acte 1 scene 2
    16145 mots | 65 pages
  • A Virgile
    427 mots | 2 pages
  • Analyse du poème à elvire de lamartine
    407 mots | 2 pages
  • Les limonades
    3497 mots | 14 pages
  • Bruyère
    595 mots | 3 pages
  • Ljllj
    670 mots | 3 pages