Le mal physique dans Candide ou l'optimisme de Voltaire
Le mal physique, notamment la violence et la souffrance ainsi que l’abus et la maltraitance, représente sans doute le motif le plus présent et le plus évident dans le conte philosophique Candide ou l’optimisme de Voltaire. Le mal physique (selon les propres termes de Voltaire) est souvent entouré, impliqué, voire provoqué par les deux autres dimensions du mal, le mal métaphysique et le mal moral. Selon la typologie des maux de Hegel, reprenant entre autres les idées de Leibniz, le mal physique, c’est-à-dire le mal empiriquement ressenti et sensible, est la première catégorie du mal qui peut être considérée comme conséquence du mal moral qui décrit la tendance à vouloir faire du mal aux autres. Le mal moral pour sa part naît du mal métaphysique qui équivaut au péché originel, donc à la supposition fondamentale de l’inexistence d’innocence.
Tout en reconnaissant qu’une analyse du conte voltairien en ce qui concerne ces trois dimensions du mal serait très intéressant, on veut dans cet essai mettre l’accent sur la dimension physique du mal, telle qu’elle est représentée sur les différents niveaux du texte. A cette occasion, on verra que ce motif omniprésent – surtout au niveau du corps abusé – existe dans plusieurs variantes, dont chacune satisfait une fonction différente dans le conte. Pour illustrer l’importance et la forte présence de ce motif, nous allons travailler surtout avec le texte original renonçant à quelques détails près à la littérature d’accompagnement, vu que le sujet de cet essai n’a pas encore été profondément recherché.
A partir du premier chapitre, l’importance du corps ainsi que du traitement que subit le dernier, devient évidente lorsque le personnage de Candide ainsi que son destin sont mentionnés pour la première fois, constituant l’intrique d’encadrement :
« Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le