Le mal
« La méchanceté ne consiste pas à faire le mal mais à mal faire. »
L’auteur récuse une définition habituelle de la méchanceté, à savoir faire le mal, et lui oppose, en usant d’une certaine façon de la figure du chiasme, la définition de l’erreur technique ou pratique, à savoir mal faire, c’est-à-dire ne pas réaliser ce qu’on a l’intention de faire.
Son propos est éminemment paradoxal, c’est-à-dire contraire à l’opinion. Car comment peut-on dire qu’un assassin n’a pas fait le mal mais qu’il a mal fait ? Réduire la méchanceté à une sorte d’erreur, n’est-ce pas la nier ? Mais d’un autre côté, faire le mal n’est-ce pas, au-delà de la méchanceté, être diabolique, ce dont l’homme semble incapable ?
On peut donc se demander s’il est possible de définir comme Jean Grenier la méchanceté comme consistant à mal faire plutôt qu’à faire le mal.
Est-ce à dire que la méchanceté consiste à se tromper sur le bien ? Ou bien faut-il comprendre que la méchanceté consiste à mal faire ce qu’on doit faire et qu’on sait devoir faire ? Ou bien faut-il penser que la méchanceté consiste à mal faire en ce sens où disparaît toute perspective du bien ?
On s’appuiera notamment sur le Macbeth de Shakespeare, sur la première partie de la « Profession de foi du vicaire savoyard » de l’Émile ou de l’éducation de Jean-Jacques Rousseau et sur Les Âmes fortes de Giono.
On peut penser que la méchanceté consiste à se tromper sur le bien. En effet, on peut la distinguer de l’erreur technique en ce que celle-ci est indifférente au bien et au mal mais non au bon et au mauvais alors qu’elle est liée au mal. C’est une erreur quant à la sociabilité qui a conduit le vicaire savoyard à rompre son vœu de chasteté sans prendre la précaution de