Le monde change
LE MONDE CHANGE
Par Pascal Quiry et Yann Le FUR, professeurs à HEC Paris et auteurs de l’édition 2011 du Vernimmen ( Finance d’entreprise, Dalloz)
Dans quelques trimestres, le PIB du Brésil aura dépassé celui de la France, l’âge de la retraite aura probablement été repoussé à 62 ans et vous vous demandez peut-être pourquoi dans la plus sérieuse crise économique depuis celle de 1929 aucun grand groupe n’a fait faillite !
Ceux de nos lecteurs les plus expérimentés se rappellent qu’en 1974, Michelin, pour échapper à la faillite, dû céder en catastrophe Citroën à Peugeot et Berliet à Renault ; qu’en 1984
Creusot-Loire déposa son bilan et qu’Usinor et Sacilor échappèrent à ce triste sort parce qu’ils étaient nationalisés. On pourra s’étonner qu’en 2008 – 2009, alors que l’activité économique chuta plus fortement qu’en 1974 et 1983 – 1984, la faillite la plus importante enregistrée en
France concerne une entreprise qui ne faisait que 369 M€ de chiffre d’affaires 1.
La raison en est quadruple :
• une impressionnante vitesse de réaction des entreprises qui ont bien compris qu’en ces temps rudes la liquidité prime tout et qui n’ont pas hésité à sabrer dans leurs investissements (Cemex les réduisit de 70 %, Air France de 50 %), dans leur besoin en fonds de roulement (Arcelor et Lafarge le réduisirent de 48 %), naturellement dans les rachats d’actions (tombés à 0 pour les entreprises du CAC 40) et dans les dividendes si besoin est (moins 18 % au niveau du CAC 40). La génération actuelle des directeurs financiers qui a appris le zapping devant la télévision à la fin des années 1980 et la réactivité dans les jeux vidéos n’a pas oublié ces pratiques acquises quand ils étaient jeunes !
• un point de départ marqué par des marges au plus haut historiques (50 % plus élevées qu’en 1981, 25 % de plus qu’en 1990) et un endettement modéré. Autrement dit, des entreprises globalement en bonne forme au moment où elles sont