Le Monde Diplo Migrants
France dans le déni des migrants
En décembre 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, a fait fermer le centre de Sangatte où étaient hébergées
1 500 personnes. « La fermeture du camp a résolu le problème », affirmait-il… Dix ans après, les exilés afghans, iraniens, irakiens, albanais, érythréens, soudanais, égyptiens ou syriens, sont toujours aussi nombreux. La plupart rêvent d’Angleterre et attendent un hypothétique passage ; certains décident de déposer une demande d’asile en France. Dispersés sur le littoral, ils vivent dans des hangars à l’abandon, dans des cabanons ou dans des campements incertains sous des bâches en plastique près de la plage, dans des zones industrielles, dans les champs ou dans les bois. Ces migrants « invisibles » sont dans une précarité matérielle,
sanitaire et administrative qui résulte directement des politiques migratoires actuelles. par Marion Osmont, 9 mai 2013
L es migrants exilés sont en fait présent à Calais, étape essentielle avant de pouvoir rejoindre le RoyaumeUni, depuis le milieu des années 1980.
Leur nombre s’accroît sensiblement à partir de la fin des années
1990.
Photo : @ Marion Osmont, 2011.
En juin 1999, ils étaient plus de deux cents — hommes, femmes et enfants —, fuyant la guerre au Kosovo, à s’installer dans le parc Saint-
Pierre. Leur campement, fait d’abris de cartons et de bâches en plastique, faisait face à l’hôtel de ville. Le gouvernement s’est finalement résolu à réquisitionner un hangar de 25 000 m2 appartenant à la société Eurotunnel, à dix kilomètres de la ville et à confier l’administration de ce tout nouveau « Centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire » (CHAUH) à la Croix-Rouge.
C’était une décision qui conjuguait logique humanitaire et logique de relégation : mettre « à l’abri » les exilés tout en les mettant « à l’écart ».
En 2002, les politiques migratoires se durcissent et la visibilité grandissante de Sangatte devient un enjeu de politique nationale. Le