Etroitement lié à l’art théâtral, le monologue représente souvent un moment unique de joie, de tristesse, d’horreur… pour le spectateur, selon la nature et les circonstances du thème traité. Monologuer c’est faire partager au public, des pensées, des émotions et des réflexions. Est-ce que le monologue permet la construction du personnage tragique ? Construire ici est pris dans le sens de comprendre du point de vue du spectateur. Celui-ci peut-il à travers une tirade saisir le problématique de la tragédie ? Comment le monologue traduit-il chez le personnage un drame, une difficulté, une détresse ? Ce procédé théâtral mène t-il toujours à une dimension tragique chez le héros ? Nous verrons dans une première partie que le monologue est une forme conventionnelle du langage dramatique, ensuite qu’il s’agit d’un procédé théâtral commun à la tragédie et au comique et qui a de nombreuses fonctions dont celle de relancer l’action et qu’enfin le monologue est souvent lié à la dimension tragique d’un personnage à travers des procédés spécifiques. Le monologue peut être une forme conventionnelle du langage dramatique. Dans la plupart des œuvres tragiques de Corneille et de Racine, se trouve ce procédé théâtral. Le monologue peut exprimer l’amour du personnage, un amour difficile et coupable. C’est le cas de Phèdre (acte I, scène 3) où l’héroïne exprime son amour pour Hippolyte, son beau fils . C’est un amour violent et coupable empreint de fatalité « je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ». Le monologue peut aider le héros tragique à faire le point, à poser son dilemme ,c’est le cas de Don Rodrigue dans Le Cid de Corneille où la question se pose si le héros doit obéir à son père et le venger en tuant le père de sa bien aimée Chimène ou bien doit –il abandonner toute idée de vengeance pour garder sa maîtresse : « Il faut venger un père, et perdre une maîtresse; L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras. » Le héros cornélien, souvent confronté à des choix