Le mythe de sisyphe
La vie parfois vacille et doute d'elle-même.Commencer, recommencer, sans cesse. Le constatde l'éternellement recommencement des choses,semblable au cycle des saisons, la vie succédant à lamort et la mort à la vie, la croissance au déclin etle déclin à la croissance, produit une sorte d'angoisse. Le quotidien qui se livre sous le signe durecommencement mérite-t-il d'être vécu ? Peut-oncroire au sens de ce que l'on fait, lorsqu'il faut toujours reprendre, toujours recommencer ?
Le rocher que Sisyphe était condamné à porterdévalait la pente que Sisyphe avait gravie, chaquefois qu'il atteignait le haut de la colline. Ce rocherde Sisyphe est devenu le symbole d'une tâcheabsurde à accomplir, puisque sitôt accomplie, elledoit être recommencée. À certains égards, n'est-cepas tout le déroulement de la vie quotidienne quipeut être placé sous le signe du rocher de Sisyphe ?On se lève le matin, on se prépare, on va travailler,on revient, on recommence le lendemain. Ainsidisait-on naguère des ouvriers qui allaient à l'usine :« Métro, boulot, dodo », « Métro, boulot, dodo », et ce recommencement semblait dessaisir la vie detoute signification.
Mais la conscience humaine interroge : pourquoi ? Camus raconte qu'à un moment ou à unautre de cet enchainement machinal quotidien, laquestion du pourquoi s'élève. Il faut poser la question du pourquoi, il faut réfléchir sur cette apparence d'éternel recommencement, sur cetteapparence d'absurdité qui pourrait bien, si l'on n'yprend pas garde, dessaisir la vie elle-même de toutesignification. La méditation sur la tâche de Sisyphereprend cette interrogation. Albert Camus, dans leMythe de Sisyphe, raconte
« A cet instant subtil où l'homme se retourne sursa vie, Sisyphe revenant vers son rocher, contemplecette suite d'actions sans lien qui devient son destin.Créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire etbientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est