Le patrimoine
Il est important de comprendre qu’un objet urbain aujourd’hui considéré comme patrimonial ne l’a pas toujours été. Il l’est devenu lorsqu’un groupe, une société a considéré qu’il devait être préservé pour être transmis à ses descendants. Le patrimoine est donc une construction sociale.
Un objet devient patrimonial lorsqu’une société estime que, en le détruisant, elle perdrait une trace importante de son histoire. Le patrimoine est donc un signe du rapport de cette société à son passé. Elle choisit des éléments qui sont pour elle des symboles de ce passé.
Mais le patrimoine n’est pas l’histoire : les choix effectués par une société ne sont pas toujours historiquement corrects. Elle peut avoir une vision erronée de son histoire, ou de l’objet qu’elle choisit. Ainsi, le Louvre est souvent considéré comme le Palais des Rois de France à Paris. Pourtant, c’est l’actuel Palais de Justice, sur l’île de la Cité, qui a été le premier, et le principal, palais royal. De plus, ce sont les Tuileries aujourd’hui disparues qui ont, davantage que le Louvre, accueilli le pouvoir royal. B. L’extension du patrimoine
Historiquement, la religion et le pouvoir politique ont fourni les premiers objets patrimoniaux, considérés comme tels pour leur ancienneté et leur valeur esthétique. A Rome, dès le XVIème siècle, ce sont les monuments antiques, vus comme des signes de la splendeur de la République et de l’Empire Romain. A Paris, la Révolution cherche à préserver, après la chute de la monarchie en 1792, certaines des traces du pouvoir royal disparu.
L’élaboration du patrimoine d’une ville n’est pas seulement le fait de la société qui l’habite. Ainsi, la valeur patrimoniale du mur occidental, vestige du temple de Jérusalem, se diffuse en Europe lorsque s’y renforce au cours du XXe l’idée d’une nation et d’un Etat pour les juifs persécutés.