Le personnage de médée
Le héros tragique reste de nos jours difficile à définir. Selon la conception aristotélicienne, toute la tragédie doit s’orienter vers une purgation des passions et le héros doit, pour cela, susciter chez le spectateur la crainte d’une part, et la pitié d’autre part. Pour parvenir à cette catharsis, le dramaturge devra donc créer un personnage qui commet une erreur en conséquence de quoi il tombe dans le malheur. Cette erreur peut prendre des formes variées, mais elle est souvent associée dans les tragédies grecques au terme d’hurbis, un terme qui désigne la démesure, conduisant le héros tragique à vouloir dépasser les limites de sa condition, comme Antigone par exemple qui se détournera des lois humaines au profit des lois divines, l’élevant ipso facto au rang de surhumaine. En ce sens, Médée semble convenir à cette définition d’Aristote qui suggère au héros tragique l’accomplissement d’un acte irrémédiable, bouleversant l’ordre établit du monde, et par la cruauté de son erreur s’inscrit dans le paysage mythologique que l’on connaît. Au XXe siècle, plusieurs théoriciens s’interrogent encore sur la définition du héros tragique, en particulier sur sa fonction dans la pièce et c’est ce qui a amené le célèbre metteur en scène contemporain Louis Jouvet à affirmer : « Le héros de théâtre n’est pas seulement intéressant dans la mesure où il est obscure mais dans ce qu’il a d’inaccessible et de surhumain. ». Celui-ci tente ainsi de rappeler les véritables visées antiques de la tragédie mythologique. Médée, qui est sans doute l’un des personnages les plus ambigus de la mythologie, a été réécrites à maintes reprises dans l’Histoire, et il est donc intéressant d’étudier notre héros conçut pareillement ou différemment suivant les époques, en tenant compte de la proposition de définition de Jouvet. Euripide, Sénèque et Rouquette semble constituer à eux trois l’évolution la plus nette du héros pour l’évoquer sous toutes ses facettes.
De ce fait, nous pouvons