Le personnage du roman doit nécessairemeent surmonter des épreuves pour etre considérer comme un héros de fiction
Où tracer la frontière entre personnages et personnes ?
En philosophie analytique contemporaine, la question de la fiction semble se focaliser plus précisément sur celle des êtres fictionnels. Se pose le problème ontologique de savoir s’ils existent, et si oui, de quelle manière : sont-ils des possibilia (Kripke), des objets abstraits (P. van Inwagen), des entités artéfactuelles abstraites (A. Thomasson), ou encore des ensembles de propriétés (Meinong) ? Se pose également le problème de leur possible rôle de référence pour la vérité ou la fausseté, et la signification, des différents types d’énoncés fictionnels – internes, externes, mixtes, existentiels négatifs. Enfin, la figure du personnage apparaît importante lorsque nous discutons, par exemple, de la nature des émotions que suscite une fiction, ou encore des processus de création, d’imagination, d’interprétation, d’identification et de faire-semblant à l’œuvre dans nos activités de joueur, lecteur et spectateur. Dans ce genre de débat, nous parlons de personnages ou d’êtres imaginaires, et nous les percevons un peu comme les « habitants naturels » des fictions. Nous tenons en quelque sorte pour acquis et intuitif le fait que nous pouvons faire une distinction assez claire entre un personnage (fictif) et une personne (réelle). Cette distinction est fondée sur différents critères, qui tous tentent de dessiner une frontière nette entre ce qui est du ressort de la fiction et ce qui appartient à la réalité. Parmi ces critères de fictionalité, nous trouvons notamment celui qui différencie les êtres inventés, ou créés, et les êtres réels qui ne naissent pas de l’esprit d’un auteur. La séparation ontologique se situe plus généralement entre les êtres fictifs, privés d’existence physiologique, « vivants sans entrailles », selon l’expression de P. Valéry (1943 : 569), et les êtres humains, en chair et