Le plus beau vers de la langue française est un poème en vers libres écrit par R. Obaldia ; les nombreux jeux sur la langue effectués par l’auteur font de ce texte une pièce intéressante à étudier sur le plan de la linguistique. L’une des caractéristiques les plus flagrantes du texte est la modification orthographique & sonore de certains termes. L’expression « mes zinfints » (vers 2) incarne les deux transformations : tout d’abord, la liaison est écrite et donc accentuée par l’ajout du « z », mais en plus, le son [ã] a été troqué contre le son [ ]. La modification orthographique est, premièrement, assez surprenante, dans le sens où l’ajout du « z » n’est nullement nécessaire tant que le « s » final du mot « mes » est conservé ; le poète retirera d’ailleurs ce « z » quelques vers plus tard (vers11) ; on peut alors se poser la question de l’intérêt de cet ajout. En outre il peut être affirmer que cette transformation ne traduit pas la volonté d’une retranscription phonétique puisque des lettres muettes, telles que le « -ts » terminant le mot « zinfints », sont conservées. La modification sonore est, elle aussi, tout aussi surprenante ; présente au sein de seulement quelques termes du poème, tels que « infints », « grinds », « poite », elle pourrait être analysée comme une option de facilité afin d’aider à la réalisation des rimes, mais ce n’est pas le cas, puisque le poème est rédigé en vers libres ; en outre, la conservation du son initial aurait tout autant permis la rime, comme par exemple aux vers 27 et 28 où R. Obaldia a choisi d’écrire « quand vous serez grinds/mes zinfints », où les vers « quand vous serez grands/ mes enfants » auraient convenus. Ces modifications laissent penser que l’auteur a voulu imiter un accent étranger où les sonorités grinçantes prédominent ; l’accent étant un point caractéristique de l’oralité, on comprend alors pourquoi ces mots surprennent moins l’oreille qui les entend que l’œil qui les lit. La capacité que doit déployer le