Le principe de subsiiarité
Le principe de subsidiarité
CHANTAL MILLON-DELSOL
1SBN 2 13 045811 4
Dépôt légal - l édition : 1993, juillet
® Presses Universitaires de France, 1993
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
INTRODUCTION
Oubliée depuis des décennies, l'idée de subsidiarité réapparaît dans notre univers conceptuel. On peut se demander pourquoi ce retour, et si l'idée prometteuse ne décevra pas ses défenseurs néophytes.
Il ne s'agit pas d'un nouveau système de pensée.
L'époque des « systèmes » est - provisoirement?révolue. Mais d'une référence centrale, formant le pivot d'une anthropologie et révélant une manière spécifique de vivre la politique, au sens large de «chose de tous ».
L'idée de subsidiarité répond,à la question : pourquoi l'autorité? quelle finalité doit-elle servir? quel rôle doit-elle jouer?
On a en vue ici n'importe quelle autorité : celle du père de famille, du magistrat municipal, du chef d'entreprise, et surtout, de l'instance souveraine.
Cette question de la pertinence de l'autorité peut recevoir des réponses diverses, par exemple : l'autorité
vise à garantir la continuité du monde, à assurer sa permanence ; ou encore : à réaliser sur terre une religion et/ou une morale ; ou encore : à assurer l'existence d'êtres faibles et inférieurs (inférieurs à celui qui détient l'autorité), incapables de subvenir à leurs propres besoins.
A ces réponses, les peuples d'Europe en ajoutent une
autre, qui contribue à forger des pouvoirs d'un autre type : l'autorité vise à suppléer les manques des communautés ou des personnes libres, responsables de leur
destin, mais insuffisantes dans la poursuite de leur plein épanouissement. L'autorité ne doit donc se
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reconnaître aucune finalité autre que celle des êtres qu'elle commande. Elle est nécessaire comme telle, parce que ces êtres ne sont point autosuffisants. Mais son rôle demeure secondaire : elle représente un moyen à leur service exclusif.
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