Le problème de chypre
Son histoire, sa géographie et la composition de sa population ont déterminé le sort dramatique de Chypre. Son emplacement géopolitique en Méditerranée Orientale a incité les grandes puissances et les puissances régionales à vouloir dominer cette île. Le processus de décolonisation entamé à la fin de la seconde guerre mondiale devait inévitablement affecter également Chypre. Mais les Grecs chypriotes, au lieu de militer pour un statut d’indépendance en solidarité et partenariat avec les Turcs chypriotes, déclenchèrent une virulente campagne en faveur de l’ENOSIS, c’est à dire l’union avec la Grèce. Cette politique devait fatalement mener à de violents et parfois sanglants affrontements entre les deux communautés. Pour sa part la Turquie ne pouvait que s’opposer à l’ENOSIS qui non seulement condamnerait les Turcs de Chypre à un statut de minorité opprimée, mais bouleverserait en même temps l’équilibre politique et stratégique péniblement établi dans le Traité de Lausanne entre la Turquie et la Grèce.
La question de l’adhésion de Chypre à l’Union Européenne a ajouté une nouvelle dimension très critique au problème de Chypre. La partie turque n’avait pas manqué de se rendre compte très tôt qu’une adhésion du Sud de Chypre à l’UE avant un règlement rendrait extrêmement difficile sinon impossible toute solution négociée et avait insisté pour que l’adhésion ait lieu après la conclusion d’un accord ouvrant la voie à la réunification de l’île. Mais un facteur important militait en faveur d’une adhésion unilatérale du Sud a l’UE; la presque certitude que la Grèce était déterminée à bloquer les candidatures des autres pays européens au cas où l’adhésion unilatérale du Sud de Chypre serait rejetée. C’est en 1999 que débuta un processus marqué par de nombreuses vicissitudes qui devait se prolonger jusqu’à la date fatidique du 24 Avril 2004 quand la cinquième et dernière version du Plan Annan, soumise à des référendums séparés au Nord et au Sud,