Le progrès technique nous libère-t-il du travail ?
On voit souvent le progrès technique comme bénéfique pour l'humanité. En effet, c'est la faiblesse de l'homme qui l'a poussé à l'inventivité technique, celle-ci lui permettant de satisfaire ses urgences vitales et d'accomplir ce que la nature est dans l'impossibilité d'élaborer jusqu'au bout : se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner etc. Par la technique, l'homme arraisonne la nature et lui enjoint de servir ses desseins, comme le disait Heidegger, philosophe allemand du XXème siècle. Mais ce qui était vrai au début a maintenant pris une ampleur colossale. Les travaux d'Hercule sont de nos jours faits par des machines, des robots auxquels l'homme délègue des tâches souvent humainement impossible. Mais ces prouesses et ces avancées techniques et scientifiques (relevant du domaine de la techno-science) nous permettent-elles pour autant de se défaire des chaînes de la servitude du travail qui nous aliène (selon Marx) ?
Ma première pensée que soulève cette problématique est une pensée affirmative. Considéré comme aliénant par Marx, ou comme un asservissement à la nécessité par Arendt, le travail ne fait pas que produire des biens de consommations, qui seront d'ailleurs ensuite détruits, comme leurs matières premières. En travaillant, l'homme effectue aussi un travail sur lui-même. Le travail mortifie le corps de l'homme et ruine son esprit. C'est ce qu'explique Marx dans son Manuscrit de 1844. Il y inclut également une nécessité conditionnelle en rapport avec le progrès technique. Comme ce dernier fait travailler intelligemment l'esprit de l'homme, celui-ci pourrait se libérer de la servitude du travail en modifiant son organisation grâce au progrès technique. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fit durant ces dernières décénnies. Dans les vignes, tous les paysans et les enfants qui auparavant travaillaient la terre pour une bonne récolte, ont été remplacés par des tracteurs et des moissonneuses-batteuses, conduites