Le Premier ministre sous la Vème République
« Premier ministre ? Fonction la plus difficile de la République, qu’on ne quitte que par le sacrifice ou la défaite. » C’est en tout cas ce que déclare Édouard Balladur dans son Dictionnaire de la réforme de 1992. Cette définition de la fonction gouvernementale est peu commune. On s’attendrait plutôt à ce qu’elle corresponde à celle du Chef de l’Etat. En effet, c’est le Président qui a le plus de pouvoir et donc, normalement, les décisions les plus difficiles à prendre. Le Premier ministre, lui, est l’homme politique qui coordonne et conduit la politique du gouvernement. Cette fonction est présente sous la Cinquième République qui est régime politique organisé par la Constitution élaborée, selon la loi constitutionnelle du 3 juin 1958, par le gouvernement du général de Gaulle. Édouard Balladur ayant été Premier ministre en 1994 et 1995, sa vision de la fonction est réaliste car basée sur l’expérience. Ainsi, on peut s’intéresser aux particularités de cette fonction qui peuvent la rendre « difficile » selon lui. Et même plus précisément, à sa définition et aux réalités qu’elle engendre en France sous la Vème République. On peut donc se demander en quoi consiste la fonction de Premier ministre. Les attributions définies par la Constitution sont-elles appliquées fidèlement ou la pratique du pouvoir a-t-elle conduit à des dérives ? Dans une première partie, nous verrons que c’est un rôle fondamental pour le bon fonctionnement de l’Etat et qu’il se trouve définit par la Constitution française. Puis nous étudierons la réalité des faits et ses deux modalités antagonistes d’application sous la Vème République.

I.

Un rôle fondamental définit par la Constitution

La Constitution dote le Premier ministre de pouvoirs étendus concernant le Gouvernement (A) mais lui en attribue également d’autres, tout aussi importants, qui lui sont propres (B). A. Ses pouvoirs à l’égard du Gouvernement Le rôle principal du Premier ministre