LE REPAS THERAPEUTIQUE, OUTIL DE LA PSYCHOTHERAPIE INSTITUTIONNELLE

La relation de la psychiatrie avec l’alimentation des patients qu’elle soigne est plus souvent marquée par le manque, l’abandon, le laisser-aller, que par l’excès.

La psychothérapie institutionnelle est née de la lutte contre la famine. C’est pendant l’époque de l’après-guerre qu’on a pu constater que les patients psychiatriques se montraient souvent plus compétents pour s’organiser et pour survivre que les soignants eux-mêmes, notamment dans la lutte contre la famine (« onze heure du soir à la Borde », Jean Oury).
D’ailleurs, à l’époque, un des quatre critères de guérison des patients considérés comme « agités » était la prise de poids.

Aujourd’hui, le patient en institution ne souffre plus de dénutrition, mais plutôt de surpoids (la neuroleptisation n’est pas étrangère à ce phénomène). Les patients « stabilisés » vivant dans la cité, ont eux toujours des problématiques nutritionnelles, dont la particularité réside plutôt dans la malnutrition. L’outil que constitue le repas thérapeutique voit là une raison importante d’exister. Nous verrons que les problèmes hygiénistes et diététiques ne constituent cependant pas les seules indications à cet outil de soin.

Admettre à leurs tables des patients dons les conduites alimentaires sont parfois très perturbées (Boulimie, comportements inadaptés, risques de fausse route, délire...) n’a jamais été une tâche facile pour les soignants. Ceux-ci ont toujours considéré ce moment comme un temps de travail à part entière. Ce temps, logiquement dévolu au fait de se ressourcer et de reprendre de l’énergie, est parfois rendu nécessaire par la propension qu’ont certains patients à s’alimenter de façon inadaptée. Il serait alors aisé de penser que l’alimentation correcte des soignés serait un objectif de soin central dans le repas thérapeutique.

Cependant, les actes de manger et de boire ne se limitent pas à la satisfaction biologique de la faim