Le reve
Il n'y a guère plus de vingt ans en effet que l'étude du rêve préoccupe les neurophysiologistes. Mais si le sujet avait attendu longtemps, du moins les techniques étaient-elles mûres, ou presque.
Nous disposons aujourd'hui d'une théorie biochimique unitaire du cycle veille-sommeil dans lequel s'inscrit le rêve. Elle repose sur des fondements expérimentaux chaque jour mieux étayés. C'est la fonction de l'activité onirique qui préoccupe aujourd'hui les neurophysiologistes du rêve.
A soixante ans, un homme a passé près de cinq ans de son existence dans l'univers prodigieusement riche du rêve. Ces cinq années de vie imaginaire se sont écoulées par petites séquences serties au coeur de quinze années de sommeil sans rêve. Ainsi, soixante ans d'existence peuvent-ils se résumer en quarante ans d'activité physique et mentale passés en état d'éveil et vingt ans de sommeil: quarante ans consacrés à la réception et au traitement des informations en provenance du milieu extérieur, à la réalisation de comportements nécessaires à la conservation de l'individu et de l'espèce; vingt ans sans contact conscient avec l'univers ambiant, entrecoupés de plusieurs dizaines de milliers d'épisodes au cours desquels le dormeur assiste ou participe presque paralysé au déroulement du spectacle onirique.
Dès l'aube de l'humanité, les dormeurs se sont étonnés du contenu de leurs rêves: comment un homme pouvait-il s'expliquer qu'il était en train de courir ou de voler au cours d'un rêve alors que tous les témoins lui assuraient que son corps endormi reposait immobile ? Jusqu'au XVllle siècle, on admit que le corps matériel subissait la "mort périodique " du sommeil, tandis que