Le roman
Aux sources du français
À l'origine le mot « roman » désigne une langue, d'ailleurs non uniforme mais faite de plusieurs dialectes (normand, picard...) qu'on parlait dans le Nord de la France au c?ur du Moyen Âge, au XIIe siècle. Par extension, à la même époque, le nom est aussi donné aux récits composés dans cette langue populaire, pour mieux les opposer aux ouvrages en latin, qui est alors la langue savante, traditionnellement réservée à l'écriture.
Ainsi le genre romanesque naît presque en même temps que la littérature en langue française apparue seulement à la fin du XIe siècle.
Un nouveau genre épique
Avant le roman, le genre narratif était essentiellement représenté par la chanson de geste, poème épique dérivé des grandes épopées antiques (comme L'Iliade d'Homère ou L'Enéide de Virgile) qui racontait en vers les exploits guerriers (gesta) d'un héros exceptionnel. Ainsi, La Chanson de Roland (1070), exemple le plus célèbre de la chanson de geste, était centrée sur les hauts faits de Roland, neveu de Charlemagne, contre les Sarrasins. Le roman conserve certains aspects de ce genre littéraire antérieur :
Rédigé lui aussi dans une langue réservée jusque-là à l'expression orale, et à une époque où la lecture est le privilège des ecclésiastiques ou de quelques rares princes lettrés, le roman est d'abord destiné à un auditoire devant lequel des jongleurs (baladins et récitants professionnels) viennent le présenter. Comme la chanson de geste, il est écrit en vers, forme qui se prête davantage à la récitation ; également soumis au défaut de mémoire ou à l'imagination des interprètes, dépendant de la fidélité de transcription des copistes, remanié par les clercs (hommes d'Église cultivés) selon leur talent ou le goût du public, un même roman connaît de multiples variantes et des auteurs successifs. La célèbre histoire de Tristan et Iseut par exemple, racontée par Béroul, puis par Thomas, a été complétée par de nombreux autres épisodes