Le romantisme de flaubert
Le soleil se couchait. La marée montait au fond sur les roches, qui s'effaçaient dans le brouillard bleu du soir, que blanchissait sur le niveau de la mer l'écume des vagues rebondissantes, et, de l'autre partie de l'horizon, le ciel rayé de longues lignes orange avait l'air balayé comme par de grands coups de vent. Sa lumière reflétée sur les flots les dorait d'une moire chatoyante ; se projetant sur le sable, elle le rendait brun et faisait briller dessus un semis d'acier.
[…] La brise arrivait, dans le creux des pierres les flaques d'eau se ridaient, les goémons accrochés aux flancs des rochers tressaillaient, et du côté d'où la lune allait venir, une clarté pâle montait de dessous les eaux.
C'était l'heure où les ombres sont longues. Les rochers semblaient plus grands, les vagues plus vertes. On eût dit que le ciel s'agrandissait et que toute la nature changeait de visage.
( Extrait de « voyage en Bretagne, Belle-Isle » 1847 )
[…] Une fois, au milieu du jour, en pleine campagne, au moment où le soleil dardait le plus fort contre les vieilles lanternes argentées, une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune et jeta des déchirures de papier, qui se dispersèrent au vent et s'abattirent plus loin comme des papillons blancs, sur un champ de trèfles rouges tout en fleur.
( Extrait de Madame Bovary 1857 )
Mais que dire du tableau dont la poésie mirifique rappelle (de loin, il est vrai) les extrasublimes fresques de Nort ? Un évêque est dans son lit, il va mourir, ce pauvre vieux, mais il a gardé néanmoins sa calotte rouge pour qu'on voie bien qu'il est évêque jusqu'au bout ; son corps se dessine sous les draps avec une gentillesse charmante qui rappelle le galbe d'une andouille vue à travers un torchon mouillé ; à ses côtés un prêtre, en surplis, lui présente la croix à baiser, tandis que sa servante, non loin, pleure en s'essuyant les yeux à l'ourlet de