Le romantisme noir
Le « romantisme noir » et l’opposé de ce qu’on nomme parfois le romantisme « noble » des Vigny, Musset et consorts. Les romantiques noirs pour la plupart formaient sciemment un « cénacle » et se nommaient eux-mêmes les « Jeunes-France ». Ils sont en quelque sorte un mouvement marginal au sein du mouvement plus large du romantisme. Par leur position excentrée et révoltée, ils interrogent les divisions mêmes du champ littéraire, qui bien souvent reproduisent les divisions sociales et idéologiques du monde environnant. Aussi leurs œuvres, plus celles des romantiques « officiels », portent-elles la trace des crises esthétiques qui ont bouleversé la poésie du XIXème siècle, et ouvert la voie à la modernité.
On appelle romantisme noir un courant qui s’est développé à partir des années 1830 dans le cadre plus général du romantisme. S’ils partagent avec les romantiques plus célèbres bien des traits communs, les auteurs que l’on peut rassembler sous ce termes en accentuent certaines tendances, en particulier le goût pour le gothique, le macabre, l’ironie, la cruauté, l’onirisme, le fantastique ou l’occultisme. Chez beaucoup d’entre eux, la préoccupation sociale est également plus marquée, et va souvent jusqu’à des revendications clairement républicaines. En outre, ces « petits romantiques » demeurent en dehors des circuits de la notoriété et de la vie mondaine, ce qui les différencie des « romantiques nobles » que seraient Chateaubriand, Lamartine ou Musset par exemple.
Le groupe des « Jeunes-France » est représentatif du romantisme noir. Leur radicalisme leur vaut parfois le nom de « bousingots » ou de « frénétiques ». Le plus connu d’entre eux est Théophile Gauthier, autour duquel se rassemblent des écrivains comme Nerval, Petrus Borel, O’Neddy ou Mac-Keat. Mais on peut étendre l’appellation de romantisme noir à des auteurs comme Nodier ou Aloysius Bertrand, qui n’ont pas fait partie de ce