Le romantisme
De nos jours, les termes « romantisme » et « romantique » font immédiatement penser à l’amour avec un grand « A », un peu sensible, voire sirupeux ; ils impliquent souvent fleurs, petits chocolats, Saint-Valentin, sérénades, gondoles, ou autres attentions qui non seulement brisent la routine du couple, mais sont les marques d’un amour indéfectible. La plupart des jeunes filles en rêvent, la plupart des hommes s’y plient de plus ou moins bonne grâce pour toutes sortes de raisons. Mais romantisme n’a pas toujours eu le sens de fleur bleue.
Au XIXe siècle, le romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée. Révolte contre un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime les sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier.
ORIGINES
Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs sont en cause dans la naissance de ce nouveau courant littéraire.
D’abord, il y a ceux qu’on a nommé plus tard les « préromantiques » et qui, comme Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle (avec Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Rêveries du promeneur solitaire et les Confessions) ou Chateaubriand au tournant du XIXe siècle (avec Atala, en 1801, René, en 1802 et le Génie du christianisme, en 1802) ont écrit des textes où se font sentir à la fois le besoin de parler de soi et l’amour de la nature. Déjà, chez ces deux grands auteurs, l’émotion et la passion l’emportent sur la raison. Chez Rousseau, l’intérêt pour l’analyse psychologique et la description des mouvements de l’âme sont tels que ses écrits ne ressemblent en rien à ceux de ses contemporains. Chez