LE FRANÇAIS, UN OUTIL PRIVILEGIE

Pour l’heure, revenons au panorama linguistique et culturel de l’Afrique contemporaine. Le terrain n’est pas habité seulement par les langues natives. Une langue étrangère, le français, l’a conquise, invisible et l’occupe encore. Venue d’ailleurs, dernière venue, connue par une minorité maîtrisée par une plus petite minorité encore. C’est cependant elle qui dit la loi, transmet le savoir moderne, véhicule les échanges les plus importants. Il est vrai qu’elle fut introduite dans les pays par la force des baïonnettes. Mais si elle y demeure et s’y maintient dans la position privilégiée qui est la sienne, c’est du fait du choix des Africains. Deux faits témoignent de ce choix qui sont d’une part le mouvement vers l’école française de ce peuple, mouvement dont l’ampleur a dépassé la capacité d’accueil et d’adaptation de l’école d’autre part, le maintien du français à la fonction et à la dignité de langue officielle après l’accession des pays à la souveraineté internationale.
Quels attraits, quels atouts assurèrent-ils la victoire du français et son maintien à la place éminente qu’il conserve encore ? Il est important de le savoir, pour éclairer l’action.
Ce n’est pas le moins du monde diminuer les mérites de cette langue que de dire qu’elle doit sa force première sur le terrain linguistique et culturel africain au fait qu’elle est une langue possédant une écriture. L’outil qu’est l’écriture, ses vertus et ses sortilèges, ne pouvait pas manquer d’exercer sur les peuples africains de tradition orale un attrait fasciné. Le pouvoir politique, l’organisation de la Cité dans sa facture monumentale, le recueil de l’histoire des hommes, la codification de leurs lois, la formulation et la conservation de leurs croyances, il n’est aucun de ces éléments de civilisation qui ne revête un aspect totalement différent selon qu’il fait usage de l’écriture ou non. Nous venons de dire comment tout au long de l’histoire pleine d’épreuves et de