Le sport
DISCOURS SUR LA VIOLENCE "SPORTIVE" ET VIOLENCE DU DISCOURS
Au début était le fair play, ensemble de règles de conduite, de manières d'être construites par les classes dominantes britanniques. Le fair play, appliqué aux jeux pratiqués dans les public schools, devait permettre aux jeunes de l'élite économique et intellectuelle en formation, de maintenir la " distance au rôle" (GOFFMAN) des classes bourgeoises, de ne pas se laisser prendre au jeu au point d'oublier que c'est un jeu, comme en donnaient l'image les classes populaires de l'époque (1). Le fair play, en tout cas, malgré la magnification par les idéologues du sport (en particulier les journalistes " sportifs ") ne semble guère avoir pris racine, puisqu'il n'est pas de semaine sans que la presse, spécialisée ou non, ne relate quelque fait, de par le monde, ayant trait à la violence dans ou autour du sport. Aussi existe-t-il des comités nationaux ou internationaux pour le défendre ; des prix sont attribués aux sportifs pour récompenser leur esprit fair play, Aussi, de grandes réunions sont organisées pour stigmatiser la violence dans le sport, et aider à la prise de conscience de tous de la nécessaire éradication de ce mal qui gangrène la noblesse et la pureté du sport (2), La violence dans le sport est un fait indéniable, mais y en a-t-il plus ou moins dans le sport que dans les autres domaines de l'activité sociale ? La question pertinente pourrait être : quel niveau de violence peut-on tolérer ? (3). Et comment le déterminer ? A première vue, le spectacle sportif semble " générer " une double forme de violence : - d'une part, la violence des spectateurs, généralement celle des supporters qui s'exprime soit à l'encontre d'autres supporters (ceux de l'adversaire), mais aussi parfois à l'encontre de l'arbitre ou des athlètes ; - d'autre part, la violence des athlètes eux mêmes, à l'encontre de