Le stres au travail - la nouvelle maladi des travailleurs
Toile d'araignée ? Raz-de-marée ? Rouleau compresseur ? On hésite sur le choix de la métaphore. C'est que le trop-plein de stress1, tout en collant de plus en plus à nos vies et en posant ses pièges dans les moindres recoins du champ social – privés comme publics –, sème sur sa route un nombre alarmant de destins malmenés, sinon brisés, laminés, broyés. Les chiffres, toutes générations et toutes institutions confondues (éducation, famille, entreprise…), sont sans équivoque. Selon une récente étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques, les écoliers français sont les plus stressés des pays industriels. Dans un autre registre, lors de la cinquième enquête nationale des sociétés étudiantes mutualistes régionales, menée en 2006, 43,6 % des étudiants ont déclaré présenter au moins un de ces trois signes de « dépressivité » : sentiment de tristesse, perte de confiance en soi, pensées suicidaires. Les jeunes confrontés à la souffrance psychique se montrent par ailleurs plus sensibles que les autres aux addictions (tabac, cannabis, alcool). S'agissant des salariés, le tableau n'est guère plus réjouissant. D'après l'Institut français d'action sur le stress, le surstress au travail toucherait plus de 32 % des femmes et 25 % des hommes. De quoi être effrayé, d'autant que les experts pronostiquent une flambée des mises en invalidité pour des problèmes psychiques dans les prochaines années.
Du « nous » au « je »
Que s'est-il donc produit pour que la France de 2007 soit à ce point sous pression ? Les siècles passés ne charriaient-ils pas des peurs et des malheurs (disettes, épidémies, guerres à répétition, crainte du démon et de la damnation éternelle…) autrement anxiogènes que ceux qui étreignent nos sociétés occidentales ? Sans l'ombre d'un doute. Mais une donnée capitale, analyse Alain Ehrenberg, directeur du Centre de recherche psychotropes, santé mentale, société (Cesames)2, explique le flot de