Le théâtre baroque
A l'honneur dans des dizaines de festivals qui lui sont consacrés, la musique de Lully ou de Du Mont comptent aujourd'hui bon nombre d'aficionados. Au vu du succès des concerts de clavecin et des voix de castrats, des universitaires et des artistes ont entrepris une exploration approfondie du théâtre baroque. Se révélant extrêmement codifié, l'art de l'acteur du XVIIe siècle constituait une réelle tradition de jeu "à la française" tombée en désuétude. Grâce à quelques compagnies éclairées, il est aujourd'hui possible d'assister à une représentation conforme à l'esprit du Grand Siècle.
Remonter le temps
Les Femmes savantes, mise en scène de Jean-Denis Monory
(c) Katell Itani
Art de l'ici et maintenant par excellence, le théâtre est très avare en témoignages du passé. En l'absence de traité de jeu, comment retrouver la diction et la gestuelle propres à l'acteur du XVIIe siècle ? Outre les peintures, les sculptures et les carnets de bord de comédiens - comme les registres de La Grange de la troupe de Molière - les universitaires ont dû rivaliser d'imagination pour interroger des documents auxquels on n'aurait pas pensé d'emblée.
Maître de conférences à Paris III, Julia Gros de Gasquet a eu l'idée de consulter les archives notariales : dans une minute de notaire, elle découvre l'enregistrement d'une transaction entre un tisserand de Paris et Molière venu acheter pour dix mètres de tissu rouge. Dans une lettre de Madame de Sévigné datée de quelques mois plus tard, la comtesse décrit à sa fille la représentation du 'Tartuffe' donnée à Versailles. En plus de la foule de détails qu'elle donne sur le public, elle mentionne l'extrême beauté de