Le travailleur immigré est-il un concurrent pour le travailleur autochtone sur le marché du travail?
Dans une Europe qui est de plus en plus confrontée au problème du chômage, on reproche souvent aux immigrés de voler le travail des nationaux, mais peut-on vraiment, dans les faits, parler de concurrence entre eux ? Ne seraient-ils pas plutôt complémentaires ?
Pour être un concurrent, il faut en avoir les moyens ; des statistiques montrent que le travailleur immigré n’est pas en général un rival pour l’autochtone car souvent, comme il est peu qualifié, il ne peut pas prétendre aux mêmes métiers que ceux du pays d’accueil qui, dans la majorité, ont suivi une scolarité plus longue. Il se contente donc des tâches manuelles pénibles que les nationaux refusent ; c’est le cas d’Ahmed, l’immigré marocain malheureux de la nouvelle « Chiens de banlieue » de Michel Leydier, qui, non seulement trime dans sa chaîne de montage, au milieu du « bruit lancinant des opérations répétitives » des bras robotisés, mais en plus, travaille de nuit ; c’est aussi Lily, l’héroïne de la chanson de Pierre Perret, qui « décharge les cageots, se tape les sales boulots », à Paris, tandis que « ses frères de couleur l’accompagnent au marteau-piqueur ». Plus près de chez nous, il ne faut pas oublier que c’est en grande partie grâce à la main-d’œuvre étrangère, notamment portugaise, que le Luxembourg doit beaucoup de ses infrastructures (routes, logements).
Certes, il peut arriver qu’un employeur préfère engager un étranger plutôt qu’un compatriote car ce dernier n’a pas la compétence qu’il recherche ou parce que son pays manque de gens qualifiés. Actuellement, par exemple, le Grand-Duché fait appel à des professeurs d’université étrangers pour former les futurs enseignants car il manque de professeurs de l’enseignement post-secondaire, vu que les structures universitaires sont réduites au pays. De même, la France recrute des infirmières espagnoles