Bonjour le FN
Le Front national a gagné : 25% des voix, une vingtaine de députés lorsqu’ils étaient seulement trois. C’est indiscutablement un choc qui retentira bien au-delà de nos frontières. Au Parlement européen, les partis "europtimistes" seront affaiblis par la vague des "eurosceptiques". Dès ce soir, les Européens se demandent si les Français ont encore "envie" d’Europe. C’est le rôle de la France en tant que constructrice de l’Union qui sera affaibli, et c’est assez inquiétant.
Peut-on dire pour autant, comme on l’entend déjà, que le FN est devenu "le premier parti de France", ou que l’extrême droite tient désormais le haut du pavé ? C’est aller un peu vite s’agissant d’une élection "défouloir" par excellence, dans laquelle chaque électeur sait que le résultat ne changera rien dans l’Hexagone. "Quant au positionnement du Front national, explique le politologue Dominique Reynié - auteur de "Populismes, la pente fatale"- il a opéré une reconversion tactique vers une sorte d’étho-socialisme ou de chauvinisme social".
Il y a néanmoins une autre lecture possible. S’agissant de l’Europe, face à la crise l’affrontement politique n’est plus tant entre la gauche et la droite (les partis de gouvernement soutiennent pratiquement la même politique à Bruxelles), mais entre les populistes (un gros tiers de l’électorat), qui auront du mal à s’unir et les "réalistes" (les deux tiers) conservateurs, libéraux ou sociaux-démocrates qui votent souvent de concert, ce qui évitera d’ailleurs tout blocage du Parlement.
Regardons attentivement ce qui a permis ce résultat, certes symboliquement fort, mais tellement prévisible. Tout a été bon pour faire monter le FN : l’abstention (même en recul par rapport en 2009, plus d'un électeur sur deux ne s’est pas déplacé),