Le vin du solitaire
Ce poème est un sonnet de type classique. Il y a deux quatrains en rimes embrassées, les rimes féminines étant d’abord intérieures (masculin/féminin/féminin/masculin) puis extérieures (féminin/masculin/masculin/féminin). Les tercets son composés de deux rimes féminines et une rime masculine suffisante (E/E/F ; G/G/F ; E et G : féminines ; F : masculine).
Le poète compare longuement le regard d’une femme à un rayon de lune qui se reflète dans un lac : il veut appesantir la singularité de ce « regard singulier » qui se pose sur lui comme une fatalité. Il évoque ainsi la puissance irrésistible de ce regard féminin et installe l’atmosphère de son sujet : la faiblesse de l’homme. Au contraire, une description très courte de la situation du « joueur » impose en termes courts et explicites le drame de celui qui joue son dernier « sac d'écus » et qui risque de tout perdre. La « maigre Adeline », évoque un danger moins lourd avec son « baiser libertin ». L’auteur procède ainsi à une progression décroissante de la présence du danger.
Représentative de la tentation, la « bouteille » devient un personnage doué d’attention et de profondeur. Humanisée avec une « panse », la capacité de féconder, de verser « l’espoir, la jeunesse et la vie », elle est placée sur un piédestal telle une déesse que l’on invoque et à qui l’on voue un culte : le poète « au cœur altéré » en devient « pieux ». Mais c’est une piété orgueilleuse qui va donner au « poète pieux » l’accès à la divinité puisque le Dieu Vin « nous rend triomphants et semblables aux Dieux ». Baudelaire, en personnifiant le vin et en le dotant de bonnes intentions à l’égard de l’homme, transforme la dépendance de celui-ci en amitié chaleureuse entre l’humain et le vin. Il y puise ainsi force et puissance pour, au moyen « l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie », égaler les