Leadership et conflits sociaux
« Il faut savoir terminer une grève… » Cette phrase historique de Maurice Thorez du 11 juin
1936, intervenant quatre jours après les Accords Matignon, n’est pas sans résonnance avec le climat actuel de conflit social généralisé en France et dans de nombreux pays touchés par un phénomène de polycrises accélérées depuis l’année 2008 (Rocard, 2012).
Or, le mot grève, stricto sensu, provient à l’origine d’une ancienne place de Paris, l’actuelle
Place de l’Hôtel de Ville laquelle, jusqu’en 1830, portait le nom de Place de Grève. De fait, en la parcourant, on pouvait remarquer qu’elle formait une pente douce jusqu’à la Seine, d’où son nom de « grève », du latin « grava » signifiant rivage de sable ou de gravier. Ainsi, les ouvriers sans travail à l‘époque avaient élu cette place comme lieu de ralliement, soit un endroit où les entrepreneurs venaient les embaucher. « Faire grève » et « chercher du travail » étaient alors des expressions synonymes. Or, pour manifester leur mécontentement, les ouvriers avaient pour habitude de « se mettre en grève » en attendant une amélioration de leurs conditions de travail. Au fil du temps, les deux expressions ont donc fusionné pour mieux désigner, aujourd’hui, la cessation volontaire, collective et concertée du travail par les salariés afin d’exercer une pression sur le chef d’entreprise ou les pouvoirs publics, licite depuis la loi Olliver de 1864. Ajoutons à cela qu’en France, le droit de grève est un droit à valeur constitutionnelle depuis la décision « Liberté d’association » (Conseil Constitutionnel,
16 juillet 1971).
Depuis deux décennies, on peut remarquer un certain désintérêt pour cette thématique de recherche au sein de la sociologie notamment (Beaud, 2008 ; Hyman, 2001). Dans ce laps de temps, les quelques rares études portant sur les conflits au travail ont axé leurs observations sur des grèves du secteur public ou de luttes dites « atypiques » (intermittents du spectacle) (Dufour, 2008). La relation entre la