Lecture analytique : baudelaire, "l'invitation au voyage"
Introduction
Comme le suggère la troublante alliance du titre, Les Fleurs du Mal, Baudelaire dans ce recueil poétique publié en 1857, oscille entre deux « postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan ». Il apparaît ainsi déchiré entre la bestialité et la spiritualité, le spleen et l’idéal, dans la première section des Fleurs du Mal.
Dans « L’invitation au voyage », c’est le versant Idéal qui est concerné. Dans ce poème dédié peut-être à Marie Daubrun, la jeune femme aux yeux verts, il évoque le rêve d’un voyage auquel il associe la femme aimée.
Au cours de ce triptyque (tableau à trois volets, composition de peintre dans le goût des peintres flamands du 17ème siècle), souligné par l’harmonie du rythme et du refrain, l’impression de bonheur s’accroît jusqu’au couronnement. En quoi la lecture du poème justifie-t-elle son titre ?
L’invitation s’adresse à une femme aimée vecteur de rêve et dispensatrice de bonheur. Nous dégagerons trois centres d’intérêt dans cette lecture analytique : l’évocation de la femme aimée et celle des lieux qui nous permettrons de mieux cerner les composantes du bonheur selon Baudelaire.
I L’évocation de la femme aimée 1)Elle est double (strophe 1)
*douceur
Elle est exprimée grâce aux déterminants possessifs : « Mon enfant, ma sœur. » Révèle une complicité entre le poète et la femme, comme un murmure, renforcée par les allitérations en nasales : « enfant » ; « ensemble » ; « ressemble » …etc. Cette complicité est spirituelle : « pour mon esprit » V.9.
Les rimes plates et riches en « oeur » dans « sœur » et « douceur » --} tendresse profonde pour la femme. Enfin, la femme est fragile, avec ses yeux « Brillant à travers leur larmes », la femme a des sentiments exacerbés qui la fragilise. Cependant, la femme est double, derrière son apparente douceur, elle reste néanmoins dangereuse.
*danger
« Charme » : étymologiquement --} envoutement, un envoutement maléfique. A cela