Lecture analytique: joachim du bellay
Sonnet XXVII des Antiquités de Rome
Du Bellay, à la suite de son oncle, le cardinal Jean Du Bellay, part à Rome pour devenir secrétaire. Pour un humaniste comme lui, le séjour dans la ville de Rome apparaît au départ comme exaltant et prodigieusement riche et intéressant. Rome est en effet le berceau de la culture européenne et humaniste du XVIème siècle, et qui plus est le berceau de la chrétienté. Mais la découverte de Rome est caractérisée par une grande déception et une condamnation morale que consignent les deux recueils romains de Du Bellay, Les Antiquités de Rome et Les Regrets. Dans le premier d’entre eux, Du Bellay présente une espèce de tombeau poétique de Rome qui n’a gardé des fastes de l’antiquité qu’un nom (Rome) désormais vide de sens. La méditation sur les pierres devient alors un blâme moral d’une ville avant tout caractérisée par l’orgueil (l’hubris) de l’homme. C’est cette transformation du regard, entre émerveillement naïf puis condamnation morale que retranscrit le poème XXVII que nous allons étudier.
Axe : Un tableau a priori mélioratif de Rome qui cache a posteriori une condamnation morale
1ère idée : L’adresse au lecteur (proximité, même sphère de réciprocité. Du regard physique (quatrains) au regard moral (tercets)
Adresse à la seconde personne qui ouvre le poème : « Toi qui… contemples ». Tout le poème est adressé à cette 2ème personne du singulier, figure du lecteur et de l’ami, figure aussi du touriste qui arrive à Rome et à qui Du Bellay s’adresse tout au long du poème. Les impératifs en effet sont utilisés ici comme embrayeurs de strophes poétiques : « Juge » ouvre le 2ème quatrain, « Regarde » le premier tercet. Le dernier tercet s’ouvre sur un futur de l’indicatif prédictif : « Tu jugeras ». C’est bien un regard qui est mis en scène, un regard d’abord naïf et positif comme le connote l’adjectif « émerveillé » du vers 1, puis un regard qui se tourne vers la morale et le jugement (cf. le verbe juger du