Lecturer
Math. & Sci. hum. / Mathematics and Social Sciences (42e année, n° 168, 2004(4), p. 5-9)
LES RESEAUX SOCIAUX
Alain DEGENNE1
INTRODUCTION
Parmi les nombreux foyers de recherche actifs dans le domaine des réseaux sociaux, deux apparaissent particulièrement remarquables :
- l’étude de l’évolution des réseaux de relations, en particulier au moyen de la classe des modèles logits dits p*
- les études autour du petit monde et des réseaux sans dimension.
Les questions sociologiques ou psycho-sociologiques qui les sous-tendent ne sont pas les mêmes et les communautés qui s’y intéressent sont encore assez séparées.
Les amis de mes amis tendent-ils à devenir mes amis ? Autrement dit, si nous observons une communauté d’individus tels que des étudiants qui se trouvent amenés à se côtoyer dans une université ou un internat, doit-on penser que les relations affinitaires qui vont s’instaurer dans le groupe vont tendre à devenir transitives ou pas ?
Les jeunes vont-ils se grouper en fonction de similitudes (même sexe, fumeur ou non fumeur, centres d’intérêt communs) ? Dans le même esprit, si l’on observe une communauté à un instant donné et que l’on postule que les relations que l’on y voit constituent une situation de croisière résultant d’un processus déjà ancien, quelles hypothèses peut-on faire sur ce processus ?
Nous sommes conduits à considérer que le réseau que l’on observe est une réalisation d’un réseau aléatoire dans lequel la probabilité d’apparition d’un lien de type l entre un individu i et un individu j dépend des caractéristiques de i et de j, de l’environnement relationnel de i et de j, plus généralement d’hypothèses propres à la relation l.
Philippa Pattison cite par exemple un travail qu’elle a réalisé avec Emmanuel
Lazega à partir de données recueillies par ce dernier dans un grand cabinet d’avocats d’affaires américains. Cette organisation se compose de 71 personnes qui sont amenées à collaborer pour traiter des dossiers, à se