les bienfaits de la lune
On note la présence de l'étonnement discrète des ténèbres de la nuit (Baudelaire avait pourtant pensé appeler le recueil "Poèmes Nocturnes"). Ce poème s’oppose complètement au jeu d’ombre et de lumière du « Désir de peindre ». Baudelaire y distinguait aussi deux aspects antithétiques de la lune, dualité et opposition qui disparaissent dans « Les bienfaits de la lune ». Il préfère insérer la lune dans un jeu de correspondances. Les qualités de la lune sont des motifs récurrent chez Baudelaire : la lune est un personnage féminin et élit, désigne un personnage féminin. Double interpellation à cette femme marquée par les effets de la lune. En français, la lune est un nom féminin : féminisation et valeurs symboliques liée à la féminité. Mais attention au cratylisme. La lune relève aussi du « régime nocturne de l’image qui implique des valeurs maternelles et féminines ». Elle est le caprice même.
Ici elle a élu comme auxiliaire une femme, sûrement inspirée d’un modèle réel (Poème dédié à « Mme B. » ?). On a retrouvé un portrait de femme fait par Baudelaire avec une dédicace plus deux autres dont une caricature. On remarque également que Jeanne Duval avait joué au théâtre sous le nom de Berthe. Il connaît donc en 1863 une autre Berthe que Jeanne Duval (mais étranges ressemblances physiques : voulait-il faire revivre un fantôme du passé ?).
Dans le poème, il s’agit d’une beauté plus pâle, plus mystérieuse, une beauté lunaire. Elle a les yeux verts. A ces traits physiques, on trouve rattaché le caprice : Baudelaire est charmé par ce type de femmes. La femme aux yeux verts est en effet un type récurrent, elle se rapproche d’un type félin.