Les conditions des ouvriers
Notre extrait débute précisément à ce moment où l’on entre dans les ateliers, l’usine ou la mine. Les lieux, l’espace, « les Milieux », « le souvenir du premier jour ». Au travers des témoignages, le sociologue Thierry Pillon passe sans transition d’un témoignage de mineur dans les années 1940 à celui d’une ouvrière dans un atelier d’usinage mécanique au milieu des années 2000.
Cet éclatement est revendiqué pour faire surgir des moments, comme la première entrée dans l’usine, comparée à « une ogresse » ou au « ventre d’une baleine », ou des personnages, tels ces mineurs qui restent seuls pendant les bals tant leur sueur est noire… Le résultat est un objet sociologique non identifié, en forme de portrait subjectif et kaléidoscopique du corps au travail dans les usines, les mines et les ateliers du XXe siècle.
On y recense les pathologies, on y voit aussi les corps soumis aux accidents. Le sociologue évoque les regards, l’intimité, les odeurs, et jusqu’aux voix, qui se transforment à cause du bruit environnant. « Quand je suis en vacances, dit Sylviane Rosière, ouvrière dans un atelier d’usinage mécanique, les gens me disent de baisser d’un ton, ils trouvent que je parle trop fort. »
Avant de faire ressortir les sensations et les effets désastreux du travail sur le corps et la santé des travailleurs que Pillon a à cœur de nous restituer II), nous nous pencherons sur les différents lieus de travail (mines, usines et ateliers) en terme d’environnement et de sensations.