Les dérives du bio
Depuis une dizaine d’années, le bio est devenu un mode de consommation tendance dont le marché n’a cessé de s’accroitre. Les industriels ont donc dû adapter leurs modes de production, et ont su profiter d’un business à l’éthique parfois en contradiction avec ses valeurs originelles.
A. Vers une démocratisation du bio-business ?
Depuis cinq ans, les ventes de produits bios ont été multipliées par deux. C’est un marché en pleine expansion. Les grandes surfaces se mettent même à vendre du bio, des rayons entiers lui sont consacrés : 47% des achats de produits bios se font aujourd’hui chez les grands noms de la distribution. Certains même, comme Carrefour, Auchan, Monoprix, Leclerc ou Super U, ont créé leur propre marque de produits bios pour répondre à une demande toujours plus importante. « L’enjeu est de taille : rien que pour l’alimentation, le marché s’élève à 3 milliards d’euros ! Depuis 1999, ce secteur connaît même une croissance à deux chiffres. » 1 1. Le diktat de la Grande Distribution Mais l’on peut se poser la question suivante : « Est-ce que tous les produits bios vendus dans les supermarchés répondent vraiment aux critères qui sont censés les caractériser ? ». Dans les supermarchés, la logique du « plus de rayons pour plus de clients » prime. Est-ce que les principes du bio ne voleraient-ils pas en éclat avec cette logique ? Le bio, victime de son succès, ne risquerait-il pas de perdre son âme ? La recherche du profit à tout prix ne mettraitelle pas en danger la qualité des produits bios ? On peut distinguer principalement deux schémas différents dans la vente et la revente de produits biologiques. Le premier étant comme on se l’imagine : le petit exploitant bio produit en petite quantité, avec une agriculture raisonnée, à échelle humaine. Ce dernier fournit une coopérative, qui elle-même se charge de revendre les produits à de petites surfaces spécialisées