Les dieux du silence
Depuis la nuit des temps les croyants ont défini une séparation entre le monde des Dieux et le monde des vivants.
Les Dieux règnent dans un silence infini, où flamboie la lumière, côtoyant l'esprit des morts dans la paix et la sérénité.
Plutarque disait: « Si nous avons les hommes pour maîtres de parole, nous avons les dieux pour maîtres de silence. »
Pindare écrivait : « Le silence est la plus haute sagesse de l'homme »
Pythagore interdisait à ses disciples de manger du poisson, car manger un être muet, c'eût été manger un dieu.
Dès les temps anciens, les religieux ont ressenti le besoin de définir un lien de communication avec les dieux.
Les prêtres, les druides et les mages ont utilisé des symboles visuels ou intemporels, pour créer des formes d'écriture céleste. Ainsi sont apparus les runes chez les celtes, les présages, les prodiges ou les oracles chez les grecs et les romains, afin de communiquer avec les dieux dans leur propre langue, le silence.
La plupart des premiers écrits s'adressaient aux Dieux ou venaient des Dieux, gravés dans la pierre ou sur le bois pour l'éternité, messages silencieux transmis de génération en génération.
Le silence apparut naturellement dans ces écrits. Pour nous le h est tantôt silencieux, tantôt aspiré; parfois il change la sonorité d'une lettre comme dans les mots charme, phrase ou archétype.
Dans l’alphabet hébreu, aleph est la première lettre. C'est une lettre silencieuse.
Elle ne s'entend pas quand on prononce un mot qui la contient mais s'associe aux autres lettres pour donner un son.
Plus qu'une simple association, elle constitue, pour celui qui saurait la comprendre, une véritable initiation aux mystères de la langue éternelle où chaque lettre a un sens, transférant au mot un sens immédiat et un sens profond, un sens secret.
Ce n'est pas pour rien que cet alphabet commence par ce silence. C'est pour les juifs, le silence qui a précédé la création du monde. C'est le silence