Les enfants morts nés et les sanctuaires à répit
Hier comme aujourd’hui, la mort des nouveaux nés n’est pas une mort ordinaire : mort immature, mort scandaleuse, parce qu’elle touche celui qui n’a pas encore vécu, elle est une douleur pour les parents.
Dans l’Europe chrétienne depuis le 12ème siècle au moins et jusqu’à la fin du 18ème (et même parfois du 19ème), la naissance d’un enfant mort-né est un triple drame. Au chagrin de perdre un enfant s’ajoute pour les parents l’impossibilité de le faire baptiser, condamnant ainsi le petit mort à errer comme une âme en peine et pour l’éternité dans les limbes, sans espoir de salut (cette notion de limbe des enfants, limbus puerorum, évoquait par les théologiens cf. St Thomas d’Aquin est un lieu intermédiaire entre Paradis et Enfer. Ces âmes n’ont pas mérité l’enfer mais sont néanmoins exclues du paradis à cause du péché originel. Ces âmes jouissent d’un bonheur naturel. Il ne souffrirait pas mais serait privé à jamais de la vision béatifique promise aux élus), et l’interdiction de le faire inhumer en terre consacrée dans le cimetière paroissial. Les parents n’avaient d’autre choix que de l’enterrer en terre profane ou dans un coin non consacré du champ du repos. (Un clerc de l’école d’Anselme de Laon écrit que les enfants morts né doivent être ensevelis hors des cimetières mais il rajoute, le jugement de Dieu nous demeure caché).
Cette béance de l’enfant sans nom, sans trace dans la lignée, sans lieu d’ancrage et sans repos, est insupportable.
Rayé du monde des vivants il était aussi rayé du monde des morts. De plus, comme l’Eglise interdisait sous peine de graves sanctions l’ondoiement des enfants qui naissaient en état de mort apparente, les parents étaient dans une impasse et ressentaient douloureusement la situation.
Dans ce contexte, certains imaginèrent des substituts comme d’aller exposer l’enfant devant une image miraculeuse, devant la Vierge Marie ou un Saint….avec l’espérance que le nouveau né reviendrait à la vie même un très bref