Les essais de V Havel
Kundera parle de Vaclav Havel comme de celui qui a fait de sa vie une œuvre d’art. Nous ne pouvons qu’adhérer à un tel positionnement : Grand défenseur des droits de l’homme, dissident actif mais mesuré pendant la Guerre Froide, dramaturge et essayiste, on le considère, encore aujourd’hui, comme une des grandes figures du XXème siècle. Dans ses Essais politiques, regroupés dans l’édition « Liberté de l’esprit » créée par Raymond Aron, il nous dépeint parfaitement son époque, celle de la Guerre Froide, de l’oppression bureaucratisée, de la nécessité de la « lutte d’en bas » tout comme la nature de sa dissidence « apolitique ». L’une des caractéristiques les plus impressionnantes de ce personnage est qu’il n’était pas un homme politique : dramaturge de métier il se retrouva, de par son refus du régime caractérisé comme un dissident et emprisonné pour ses propos. C’est son implication humaine plus que son engagement qui lui valut sa place dans la société tchécoslovaque et son rôle dans l’Histoire. Il est incroyable de voir à quel point ses propos et sa théorie de la dissidence correspondent à son propre parcours et comment ce philosophe-résistant et artiste fut fidèle à ses idées mais sut aussi sortir de la contemplation intellectuelle, toute critique soit-elle, pour agir directement dans le monde. Ses essais sont d’une densité philosophique incroyable. En effet, en quelques centaines de pages, il étudie les rouages du Régime communiste tout en lui proposant une alternative mais aussi en considérant le problème de la modernité comme un problème mondial. L’actualité de ses idées mérite qu’on s’y arrête et qu’on se donne la possibilité de transposer sa description du monde avec certains problèmes contemporains. Entre autre chose, son éthique, relativement abstraite, fournit une base sur laquelle nous pourrions construire bien des horizons politiques. Notre propos tiendra à repréciser ces différentes dimensions en les