Les femmes savantes
Les Femmes savantes Tout va bien : une famille complète sans veuvage ni remariage, deux filles, une maisonnée prospère. Et c'est l'enfer d'un couple mal assorti. Frustration égale de chaque côté : père sans autorité, mère sans liberté, filles rivales, la guerre, avec l'insoutenable dépendance qui lie les adversaires. Philaminte se jette dans le bel esprit comme d'autres en dévotion, adoptant le premier gourou venu pourvu qu'il représente ce bel esprit ; Henriette rebondit comme une balle, enjeu de la bagarre entre les parents. Familles, je vous hais ?
Pas si simple : elles sont touchantes, estimables et ridicules, les trois femmes savantes, avec leur intelligence, leur ambition, leurs sentiments dévoyés. Pitoyable, leur académie universelle réduite à une mère tyrannique, une belle-soeur suiviste et fofolle et une fille qui s'est monté la tête. Même leurs idoles, les petits escrocs du savoir, gardent la trace d'un espoir déçu, l'amertume d'un talent perdu. Rien à faire : Molière ne sait faire que des personnages complexes, sauvables. Inversement, le bon Clitandre, homme de cour, sorte d'énarque refusant avec mépris des subventions aux plumitifs: est-il si bon ? Le ridicule ne tue pas, le rire étrille, écorche même, jusqu'à la vérité. C'est toujours ça.
Ce qui m'a frappé, de prime abord, c'est