Les grandes blondes
Jean Echenoz
L’auteur s’adresse au lecteur :
Page 7 :
« Vous êtes Paul Salvador et vous cherchez quelqu’un. L’hiver touche à sa fin. Mais vous n’aimez pas chercher seul, vous n’avez pas beaucoup de temps, donc vous prenez contact avec Jouve.
Vous pourriez comme à l’accoutumée, lui donner rendez-vous sur un banc, dans un bar ou dans un bureau, le vôtre ou le sien. Pour changer un peu, vous lui proposez qu’on se retrouve à la piscine de la porte de Lilas. Jouve accepte volontiers.
Vous, le jour dit, seriez présent à l’heure dite au lieu convenu. Mais vous n’êtes pas Paul Salvador qui arrive très en avance à tous ses rendez-vous ».
Page 26 :
« Et le lendemain, vous êtes quelqu’un qui cherche Paul Salvador. Votre voiture vous transporte vers l’est de Paris, du côté de la porte Dorée, non loin du bois de Vincennes. Vous vous garez devant l’immeuble neuf qui abrite la société Stocastic Film : six étages de bureaux et de studios, soixante millions de chiffre d’affaires au coin de l’avenue du Général-Dodds et du boulevard Poniatowski ».
Page 124 :
« Mais nous savons qu’elle a quitté Sydney, nous connaissons déjà ce trajet, réglons donc tout cela très vite et résumons ».
Page 127 :
« Ce soir là, vingt-trois heures à Bombay, bar du Taj Intercontinental, vous observez qu’il n’y a là, comme dans le night-club de Sydney, que très peu d’autochtones. Presque uniquement des étrangers, étrangers à cette ville comme entre eux, étrangers au carré.
Vous avisez deux femmes qui viennent d’entrer dans le bar en riant très fort, on ne rit jamais comme sa dans un lieu public, deux jeunes femmes très gaies munies d’un bouquet de grandes fleurs blanches qu’elles se repassent toutes les cinq minutes. Vous les trouvez à première vue belles comme le jour, puis à la réflexion comme deux jours différents, deux jours de fête au cœur de saisons opposées ».
Page 128 :
« Vous-même, ce soir seul devant votre verre au bar du Taj, voyez comme ces deux