les liaison dangereuse
Le roman de Choderlos de Laclos se construit sur une suite de lettres qui, au fil de la lecture, nous dévoilent ce qui unit ou oppose les différents protagonistes. Ces derniers s'appuient tantôt sur la connivence, tantôt sur la confidence. La lettre II annonce déjà la future complicité entre les deux personnages principaux. La volonté d'inscrire les faits narratifs dans la vraisemblance se traduit par l'indication paratextuelle des noms de l'émetteur et du destinataire, en l'occurence "la Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont", ainsi que par la mention incomplète et volontairement tronquée du lieu d'émission - "le château de ***" - et de la date de rédaction de ladite lettre ("le 4 août 17**"). Le lecteur est d'emblée confronté à la présence d'éléments qui concourent à un certain réalisme et une véracité que l'auteur ne souhaite affligeante pour aucun de ses contemporains.
Le ton est immédiatement donné : sur le mode impératif, Madame de Merteuil exige le prompt retour du Vicomte afin de lui faire part d'un "projet", d'une "grande affaire" qui devrait l'honorer. Afin de pouvoir mener à bien cette entreprise, la Marquise use évidemment, dès la rédaction du premier paragraphe, d'un style persuasif. Sachant que tout rapport existentiel se construit soit sur la conviction, soit sur la séduction, Madame de