Les moralistes s'en inquiètent à juste titre et se demandent si ce désir est entièrement justifié et s'il faut, pour la satisfaction de quelques-uns, mettre en oeuvre des techniques qui risquent de bouleverser ce qu'il

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La neutralité consiste à ne pas prendre parti dans le choix des valeurs et dans la détermination des fins. Se déclarer neutre revient à affirmer qu’on est étranger à tout parti pris, qu’on ne s’engage ni dans un sens ni dans un autre, l’orientation prise par le cours des choses relevant d’une responsabilité extérieure à soi. Revendiquer un statut de neutralité revient avant tout à proclamer son innocence. La question est de savoir si la technique peut se prévaloir d’un tel statut. Peut-elle, comme le veut Gorgias, être innocentée des usages qui en sont faits ? Est-elle un simple moyen et comme telle jouit-elle d’une neutralité de principe ou bien celle-ci n’est-elle qu’une apparence, bien vite dissipée par l’examen des faits ? Que signifie Gorgias lorsqu’il défend la neutralité de la technique et pourquoi cette thèse est-elle sophistique ?

A) La neutralité de la technique : la thèse de Gorgias.

De paternité sophistique cette thèse est exposée dans le Gorgias de Platon. Sommé par Socrate de s’expliquer sur son art, la rhétorique, Gorgias répond que la rhétorique est une technique, or une technique étant un simple moyen, elle est, par définition, innocente des fins pour lesquelles on peut la mobiliser. Gorgias défend une conception purement instrumentale de la technique. Ex : Un couteau est un simple moyen. Il est neutre moralement. Il est disponible pour n’importe quel usage (celui du boucher, du chirurgien ou de l’assassin) et cet usage dépend d’une responsabilité extérieure à celle du coutelier. « Les criminels, affirme Gorgias, ce ne sont pas les maîtres (en rhétorique), ce n’est pas l’art non plus…il n’y a pas lieu à cause de cela de le rendre coupable ou criminel ; non, les criminels, à mon sens, sont les individus qui font un mauvais usage de leur art ». Gorgias 457a. Platon. Argument d’une grande force. On pense à l’analyse de Marx dans le livre III du Capital où il rappelle aux ouvriers qui, dans des mouvements de

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