Les mutations de la societe et de la mode depuis les années 60
1.1 La mode avant les années soixante à l’image d’une société de rangs
Jusqu’à la fin des années 50, l’activité de la mode se divise selon trois secteurs de production vestimentaire : la haute couture, les ateliers de couturières et la confection. Les créations de la Haute Couture proviennent de grandes maisons souvent parisiennes, dont l’activité relève de l’artisanat de luxe. En effet, avant que des créateurs osent mécaniser le processus, les pièces de haute couture passent dans différents ateliers très spécialisés tels que les ateliers de modistes ou de brodeurs qui travaillent entièrement à la main. De même, les couturières réalisent à la main et sur mesure des pièces commandées par la classe bourgeoise, travaillant avec des matériaux moins onéreux que ceux destinés à la haute couture. A l’inverse, la confection réalise à l’avance des vêtements. Ce dernier secteur représente uniquement un quart de la production de vêtements par rapport à l’activité des couturières qui sont majoritaires dans le domaine. Entre la haute couture et le prestige du savoir–faire et de ces matériaux nobles, les petits ateliers de couture où les modèles sont réalisés sur mesure et la confection qui prépare à l’avance les vêtements, les coûts diffèrent de façon décroissante. Cela explique que les trois « écoles » travaillent respectivement pour des couches sociales différentes que sont l’élite mondaine, la bourgeoisie et la classe moyenne.
Cependant la bourgeoisie veut adopter les mêmes modes que les classes supérieures d’où la forte influence des collections de la haute couture dans les réalisations des ateliers de couture ou de confection. On peut considérer que la haute couture est le « laboratoire » de la mode où prennent vie les tendances. Cette conception de la mode rejoint les propos du sociologue Georg Simmel qui soutient le mécanisme de l’imitation entre classes. Selon lui, les classes