Les nuer
Né en 1902, Edward Evan Evans Pritchard, appelé E.P. par ses élèves et collègues, occupe une place décisive en anthropologie. C’est en 1927 qu’il obtient son doctorat à la London School of Economics, dès lors sa renommée d’anthropologue africaniste va grandissante. Il se place dans la nouvelle lignée des Anthropologues de terrain. Pédagogue influent, c’est en tant qu’enseignant à Oxford qu’il finira sa carrière en 1970, il sera anobli en 1971. Il est professeur de sociologie au Caire, lorsque le gouvernement Anglais fait appel à lui pour entreprendre l'étude d'un peuple Nilotique du Soudan: les Nuer.
Il s'agit là de replacer l'Histoire dans son contexte. En effet, l'époque se situe en pleine administration coloniale de l'Afrique. Les Britanniques souhaitent annexer de nouveaux territoires dans le but de développer leur domination politique, culturelle, économique, et par là même leur expansion. En pays Soudanais, il s'agit de soumettre les quelques deux cent milles Nath (nom qu'ils se donnent entre eux) par tous les moyens, ceux ci étant plus coriaces que prétendu. Le rôle d'Evans Pritchard sera donc, à l'origine, d'apporter les informations nécessaires au gouvernement au sujet de ce peuple quelque peu hostile à la domination.
Arrivé sur place «non seulement comme un étranger mais comme un ennemi», il restera en tout douze mois à étudier ce peuple africain. Il dira après plusieurs années que ce fut un an d'une relation d'une grande intensité et que la qualité d'une relation compte davantage que la durée. Il leur consacrera une centaine d'articles et trois ouvrages. Le premier et le plus célèbre, dont il est question ici, intitulé les Nuer date de 1937. Il repose sur la description des modes de vie et des institutions politiques de ceux-ci. Le second, en 1951, dépeint le système de parenté comme preuve de la cohésion d'ensemble de ce groupe. Enfin, le troisième, en 1956, appuyant les propos précédent par la religion, la « glu » de cette