Les parents terribles
(1938)
Drame en trois actes
Un appartement, que ses occupants, doux rêveurs à cent lieues de la réalité, ont surnommé “La roulotte” et où les portes claquent, est à leur image, car c’est un capharnaüm. Autour d’Yvonne gravitent Georges, son mari, un inventeur fantaisiste, raté et veule qui eût pu être génial ; Léonie, sa sœur, que chacun appelle Léo ; Michel, son fils qui a vingt-deux ans. C'est en fonction de ce dernier, auquel elle est plus que maternellement attachée, auquel elle voue une passion exclusive et dévorante, qu'elle oriente ses moindres faits et gestes. Si Léonie vit avec le couple, c'est parce que, jadis, elle et Georges se sont aimés. Mais il lui a préféré Yvonne et elle a été assez héroïque et bête pour le laisser partir, trop amoureuse cependant pour le quitter tout à fait. Elle a même consacré à la famille sa fortune personnelle. Par son goût de l’ordre et sa raison, Léo est le pilier de la maisonnée, qu’elle dirige.
L'équilibre précaire entre un mari délaissé, une mère possessive, femme-enfant, malade aux nerfs fragiles, et une tante vieille fille se trouve soudain menacé par un événement inhabituel et bouleversant : Michel n'est pas rentré de la nuit. Léo lui laisse entendre qu’il a sans doute simplement découché. D'ailleurs son mari aussi, Georges, pourrait avoir une liaison secrète. Michel rentre. Comme il est lassé d'aimer en secret, prenant une décision qui l'exalte et l'angoisse en même temps, il révèle à ses parents que l'objet de sa fugue est une jeune femme de vingt-cinq ans, Madeleine. La jalousie féroce d’Yvonne lui arrache larmes et hurlements qu’elle met aussitôt sur le compte de l'histoire «sordide» que lui a racontée son fils. Bien que calme et pondérée, la réaction de Georges n’est pas plus enthousiaste ; dans la description brève de Michel, il a tôt fait de reconnaître une autre Madeleine qui, pourtant, ne fait qu'une avec celle que son fils aime ; une Madeleine qui lui échappe, à qui il a