Les points de crispation
Note réalisée par Laure DELCOUR, directrice de recherche à l’IRIS
avec le soutien du Centre d’Analyse et de Prospective du Ministère des Affaires Etrangères
Février 2008
A la veille d’une succession encadrée à la tête de l’Etat et dans un contexte de forte réaffirmation de la diplomatie russe, le CAP a confié à Laure Delcour1 une étude sur les déterminants de la position russe sur cinq des principaux dossiers stratégiques (nucléaire iranien, Kosovo, bouclier anti-missile, traité FCE, projets d’élargissement de l’OTAN à d’anciennes Républiques soviétiques), objets d’une crispation croissante du discours russe. Fondant ses propos sur une récente mission de terrain, l’auteur relève que l’âpreté de la Russie à défendre ses positions recouvre des motivations diverses, parfois peu explicitées. Sur certains des dossiers, la Russie défend des intérêts stratégiques (Iran, élargissement de l’OTAN) ; dans d’autres cas (Kosovo), elle s’attache à des positions de principe qui peuvent sembler déconnectées de ses propres intérêts ; les motivations apparaissent enchevêtrées s’agissant de l’attitude vis-à-vis du traité FCE et du projet américain de bouclier anti-missile. Dans l’ensemble, la Russie apparaît plus crispée dans les dossiers gérés au plus haut niveau (Kosovo) et dans ceux où les militaires jouent un rôle important dans la définition de la position russe (bouclier anti-missile notamment). Ces crispations révèlent une articulation de plus en plus étroite entre les trois dossiers qui mettent la Russie directement au contact des Etats-Unis ou de l’Alliance atlantique (bouclier anti-missile, traité FCE, élargissement de l’OTAN). En s’opposant, la Russie cherche d’abord à se poser en Etat avec lequel il faut compter. Ce qui lie ces cinq dossiers, c’est la volonté de la Russie de faire entendre sa voix sur la scène internationale. Mais la méthode choisie ne lui garantit pas un gain d’influence. Ces positions