Les premiers modèles de croissance
DOMAR E., 1947, « Expansion et emploi », in Abraham Frois G., (ed.), Problématiques de la croissance, Economica, pp. 3-26.
I- Le contexte : la pensée Keynésienne et la crise de 1929
Dans la Théorie Générale de Keynes, tout le revenu distribué par les entrepreneurs n’est dépensé que s’il est consommé ou investi. Quand le revenu total augmente, la consommation n’augmente pas autant, donc si l’emploi supplémentaire est consacré à la production, il y aura des pertes, en d’autres mots l’offre ne crée pas sa propre demande ce qui contredit la théorie classique (Loi de Say). Pour Keynes ce qu’il faut à ce moment là c’est un investissement suffisant pour absorber l’excès de la production totale. Il y a donc un équilibre où toutes les capacités ne sont pas employées, c’est donc un équilibre de sous emploi. Quand l’incitation à investir n’est pas suffisamment forte et ne peut pas absorber toute la production non consommée, l’épargne apparaît. On se trouve alors face au chômage. L’équilibre ne sera rétabli (sauf si intervention de l’Etat) qu’au niveau d’activité et d’emploi inférieur, où la production offerte pourra être écoulée et où l’investissement permettra d’absorber la production qui n’a pas été consommée.
D’après la théorie de Keynes, deux points doivent être soulignés. Premièrement, le rôle important de l’investissement et de la demande, qu’on retrouve également dans la théorie de Harrod et Domar ce qui montre leur forte inspiration keynésienne. La différence ici par rapport à Keynes, concerne en particulier le rôle de l’investissement, lequel est élargi dans le modèle de Domar. Deuxièmement, et c’est là le point crucial, la théorie de Keynes expose une problématique de l’équilibre et déséquilibre de court terme et non pas une problématique de long terme et donc de la croissance.
La parution de la Théorie Générale de Keynes date de 1936 et donc, après la crise de 1929. Même si dans sa théorie, Keynes n’essaie pas vraiment